Le 18 mai 1917, le Premier Ministre du Canada, Robert Borden, annonce la conscription. Cette décision est loin de faire l’unanimité, particulièrement au Canada-Français. En effet, on se rappelle que plus tôt cette année-là, le 17 janvier, Borden avait affirmé que cette mesure n’arriverait pas.

Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, beaucoup s’opposent au service militaire obligatoire. L’une des figures importantes de cette opposition est Joseph Girard, député de Saint-Gédéon. Le 7 octobre 1918, il envoie un télégramme à P.E. Blondin, dans lequel il défend le droit des agriculteurs, qui, selon les journaux, n’ont qu’à se présenter dans un délai raisonnable à l’armée pour demander congé jusqu’au 31 octobre, afin de pouvoir s’occuper de leurs terres. Cependant, même si certains se voient attribué leur congé, d’autres se font embarqués et amenés à Québec. Joseph Girard dénonce grandement cette injustice, notant que cette annonce dans les journaux ressemble à un piège.

Ce ne sont toutefois pas tous les habitants de la région qui se plient aussi facilement aux exigences de l’armée. Plusieurs ont trouvé des stratagèmes pour se cacher ou pour échapper aux soldats qui les cherchent. Edmond Pilote de Saint-Félicien se cache dans la montagne avec d’autres conscrits. Ils sont armés de carabines Ross qui tirent à un mille et les soldats n’osent pas les approcher.

Wilfrid Dion de Jonquière a employé une méthode différente. Avec d’autres, il est allé voir Joseph Girard, qui l’a fait entrer au moulin pour travailler. Comme cela a pris quelques mois, il s’est caché dans la forêt, en attendant.

Léonidas Lefebvre de Dolbeau raconte qu’il travaillait en forêt au moment de la conscription et que ses patrons conseillaient à leurs employés d’abattre du bois dans le chemin, pour empêcher les soldats de s’aventurer dans les sentiers pour aller les chercher. Son frère, pour sa part, travaillait sa terre, en prenant soin de laisser les arbres autour pour rester caché.

D’autres ont eu moins de chance et se sont fait prendre. C’est le cas d’Alphonse Laurendeau de Mistassini et de son frère, qui ont dû passer un mois en prison. Le père Otis, qui était leur geôlier leur faisait passer autant de temps dehors qu’en dedans. Ils travaillaient dans le jardin à côté du Palais de justice. Ils pouvaient discuter et fumer. Laurendeau a pris 19 livres, puisqu’il travaillait moins que lorsqu’il était chez lui.

Les réactions des gens de la région face à la conscription ont été ingénieuses et elles démontrent la débrouillardise de l’époque.

 

Les informations sont diffusées en partie grâce au Programme pour les collectivités du patrimoine documentaire de Bibliothèque et Archives Canada.

 

P002-S07-SS1-P00023-1

Portrait de Joseph Girard, député de Saint-Gédéon.

Société historique du Saguenay, P002, S07, SS1, P00023-1.